« Comédie »
plaisante ?
ou
film
publicitaire ET film de propagande ?
« Les
Stagiaires »
(The
Internship)
Une
véritable leçon de
« Communication
moderne » !
(…)
Tout est archi-convenu du début à la fin que ce
soit sur l’aspect
professionnel ou romantique. Et ça aussi, paradoxalement,
c’était cool. Un
repose méninges de 2h, c’est pile ce
qu’il fallait. D’autant que la galerie
de personnages est très sympathique, mis à part
le connard de service, un poil
trop caricatural. Le film est également assez
réussi sur l’aspect fracture
générationnel entre les deux dinosaures qui
savent à peine ce qu’est un
ordinateur (mais choisissent quand même d’aller
faire un stage chez Google,
cherchez l’erreur),
et
la bande de geeks/nerds les entourant. Evidemment,
« les stagiaires »
force
le trait et n’hésite pas à
être dans la caricature pas très
subtile.
A
noter des références sympatoches à ce
qu’on pourrait appeler une
culture geek.
Bref,
une comédie sympathique qui fait le job.
Ameni
(04/07/2013)[1]
Rien
de bien original donc, pour un résultat pourtant plaisant et
un
film
assez
bien rythmé malgré une durée assez
longue pour une comédie.
Le
film possède un humour assez inégal,
basé sur une opposition de
style entre des quarantenaires rêveurs et de jeunes ambitieux
adeptes des
nouvelles technologies. Un capital sympathie se
dégage assez rapidement de
l’ensemble, grâce d’une part au
duo principal, mais également au charme des
personnages secondaires, représentés par les
autres membres de leur équipe de
stagiaires.
La
transposition de l’univers Google à
l’écran est très réussie,
les
décors et le style des employés créant
une impression de réalisme fantasmé.
La
progression de l’histoire, pensée de
façon
intelligente,
permet
de ne jamais s’ennuyer.
http://wildgunslinger.com/author/wildgunslinger/
1.
Générique
Réalisé par Shawn
LEVY[2]
(Etats-Unis) – 1H59. Sortie
France : 26 juin 2013
avec
Vince
Vaughn (né en 1970)
[Billy]
Owen
Wilson (né en 1968)
[Nick]
Rose
Byrne (née en 1979)
[Dana Sims]
Aasif
Mandvi (né en 1966) [M.
Chetty]
Billy (43 ans) et Nick (45 ans),
deux quarantenaires
vendeurs de montres dont les carrières ont
été pulvérisées par
Internet,
repartent à zéro en obtenant un stage chez
Google, qui peut-être, débouchera
sur un job. En compétition avec des petits génies
de l’informatique tout droit
sortis de l’école, ils vont devoir prouver
qu’ils ne sont pas des dinosaures…
(TELERAMA[3])
3.1.
LE
FIGARO
« Les
Stagiaires », un
film publicitaire pour Google ?
La nouvelle pochade de Vince Vaughn
et Owen Wilson est
une apologie tout à la gloire du géant
américain des moteurs de recherche. Une
comédie placement produit.
Outre-atlantique, on a
déjà baptisé le film
« Google : the Movie ».
(…)
Devant le résultat trop poli pour
être honnête, un porte parole de
Google dément toute intention marketing :
« Ce n’est pas une
publicité de deux heures pour Google. Nous n’avons
rien payé et nous n’avons
rien changé » a
déclaré Eric Schmidt, PDG de la firme de la
Silicon
Valley. « Vincent Vaughn a fait le tour du campus,
il a mangé avec une
dizaine de personnes et a parlé de
l’atmosphère au travail. Il voulait capturer
l’essence de la culture Google ». A
n’en pas douter, la « culture
Google a bien été »
capturée. Les logos, les locaux qualifiés de
jardins
d’Eden, la « Google
car » et les casquettes bigarrées
également. Si
aucune tractation financière n’a eu lieu,
l’affiche du film arbore le logo bien
connu… On félicite Google pour ce coup de pub
gratuit ! Devant ce
manifeste vibrant, le moteur de recherche enfonce encore le clou en
publiant
une photo fort a propos : de vrais stagiaires expliquent leurs
vrais
conditions de travail (entre deux parties de volley-ball).
3.2.
TELERAMA
Bienvenue
dans le monde
merveilleux de Google, en direct de la Silicon Valley, en Californie.
Entre le
toboggan intérieur, la cafète gratuite et les
modules de sieste, le méga siège
du plus célèbre moteur de recherche de l'univers
frise le paradis sur terre.
Google ne connaît pas la crise : si vous cherchez une
critique sociale, une
attaque du monde du travail par sa « cyber
face » ou son versant
high-tech, passez votre chemin. Les Stagiaires est
plutôt la version
rose et sucrée de The Social Network, à
la limite du spot de pub géant. Et
pourtant, ça marche : gags bien
balancés, situations absurdes, personnages
attachants et farfelus.
Cette alerte comédie
repose d'abord sur la
réjouissante complicité des comédiens
Owen Wilson et Vince Vaughn (également
coscénariste et producteur du film). Quadras
chômeurs et fauchés, ces deux
inoxydables optimistes décident contre toute logique, et
sans la moindre
compétence, de tenter leur chance chez les super geeks.
Au-delà de la
sempiternelle success story à
l'américaine — qui veut peut... —, le
film
traite avec malice d'un choc de générations,
entre les « dinosaures » en milieu
de vie et les enfants d'Internet. Et il regorge de
références malicieuses à la
culture populaire (Flashdance contre Harry
Potter ou X-Men...).
« Googleyant. » —
Cécile Mury
3.3.
L’HUMANITE
Les
Stagiaires,
de Shawn. Comédie-business.
Retour du tandem
Vince Vaughn-Owen
Wilson, pour le meilleur et surtout pour le pire
– pas pour le rire !
Ceux-ci incarnent deux quadras chômeurs engagés
comme stagiaires chez Google.
On s’attend au minimum à une satire de la
démagogie de la firme régnante
d’Internet.
En fait, il s’agit d’une pure publicité
de deux heures vantant le style décalé
de l’entreprise ; avec leur équipe de
bras cassés concourant contre d’autres
stagiaires plus pugnaces, les personnages principaux font triompher
l’esprit de
« différence et d’initiative »
promu par Google, pour qui la créativité
débridée est un vecteur
d’efficacité commerciale.
3.4.
TELE-CINE
OBS
Par Guillaume Loison
Brutalement licenciés
économiques, deux vendeurs
quadras se confrontent aux affres de la crise financière et
de la
mondialisation. Trop jeunes pour goûter aux joies
d’une préretraite dorée, trop
vieux pour s’adapter sans effort aux nouvelles technologies
pourvoyeuses
d’emplois, les voici contraints de reprendre leur
carrière au niveau
zéro : stagiaires chez Google. De ce pitch efficace
mais périlleux (le
film menace toujours de basculer définitivement dans la
réclame géante pour la
marque), Shawn Lévy, vieux routier de la comédie
US, parvient toujours
à rester sur le fil du sarcasme et de
l’enchantement burlesque. Outre
l’abattage des acteurs (belle complicité Wilson
Vaughn), c’est la clairvoyance
sociologique du récit et son habileté
à faire ripper la fantaisie comique
vers les préoccupations réelles des travailleurs
d’aujourd’hui qui insufflent
à l’ensemble cohérence et
humanité. On ne peut qu’applaudir une
comédie
populaire formatée dont les enjeux consistent
à décrocher un job,
faire l’éloge de l’esprit
d’équipe et subvertir gentiment mais
sûrement les
fondamentaux de la culture d’entreprise.
3.5.
20
minutes.fr
Les stagiaires, le
retour d’un duo comique
La
sympathie instinctive que dégage le duo est l’un
des grands atouts
d’un film étonnant prenant des allures de
pub pour Google, un lieu épatant
où de le monde s’éclate comme dans une
radio pirate façon Grand orchestre du
Splendid. Au générique de fin, on aurait
presque envie de quitter son
emploi pour se faire engager par cette firme où tout
n’est que philanthropie et
plaisir de bosser, une promo même pas
déguisée un peu difficile à avaler
pour
nous autres Français.
Shawn Lévy,
réalisateur de fantaisies sages comme La
Nuit au musée, a calmé nos complices,
mais l’humour bon enfant emporte
le morceau quand les deux nouveaux venus
apprennent à leurs copains geeks à sortir le nez
de leurs écrans d’ordinateurs
pour profiter des plaisirs de la vie. C’est dans le choc
entre les
quadragénaires désabusés et les gamins
coincés que se trouve le charme de cette
comédie.
Puceaux
férus de technologie et chômeurs
hédonistes sortiront gagnants d’une rencontre
qu’on ne peut apprécier que si on accepte la
naïveté assumée de l’ensemble.
Tout est bien qui finit bien dans la meilleure des Amériques
possibles. Les
Stagiaires ne changera pas le monde, mais n’en a
pas la prétention. Ce film
assume sa position de conte de fées pour
adultes dans un monde
durement touché par la crise.
3.6.
LE
CANARD ENCHAINE[4]
Par D. J.
Faire payer les gens pour leur
montrer une pub de plus
de deux heures ? Google, tentaculaire entreprise qui se targue
de
« faire le bien » tout au long du
film, tient un nouveau concept.
Grâce aux singeries des acteurs Owen Wilson et Vince Vaughn, la
comédie
de Shawn Lévy fait, certes, un peu rire.
Mais un peu peur aussi.
4.Quelques
éléments d’analyse du film
4.1.
Deux
chômeurs qui ne connaissent (presque pas) la Crise
Les deux héros, vendeurs
de montres, perdent leur
travail. Billy perd également compagne, et Nick
« sombre » en
acceptant un emploi de vendeur de matelas, emploi sans avenir
où il est soumis
à la tyrannie du patron du magasin.
Billy et Nick sont les seules
victimes visibles à l’écran
de la « crise
économique ». La seule
conséquence vraiment négative
est, pour Billy, qu’il a hypothéqué sa
maison.
Le fait de travailler pour Google
constitue pour eux à
la fois une promotion sociale, mais surtout la possibilité
de matérialiser leur
rêve de réussite sociale.
4.2.
La
jeunesse, mondialisée et embrigadée, nouvelle
norme du travail et des
travailleurs
La firme
« Google » décrite par
le film est
caractérisée par la diversité des
origines (M. Chetty, qui encadre le processus
de sélection des stagiaires, est originaire de
l’Inde, son « second »
est afro-américain, et Dana Sims, cadre trentenaire,
présente toutes les
apparences des américains
« Wasp »).
Plusieurs équipes de
stagiaires vont s’affronter pour
mériter leur futur job. Faisons connaissance avec les jeunes
qui accompagnent
nos deux héros : « Stuart, qui
est généralement absorbé par son
téléphone, Yo-Yo, un garçon asiatique
américain qui a été
scolarisé à la maison
par une mère « tigre
stéréotypée », et
Neyha, une fille
indienne-américaine . L'équipe, est
dirigée par Lyle, qui essaie
constamment d'agir afin de cacher ses incertitudes[5]».
Nouveaux employés de Google, ils sont désormais
appelés « NOOGLERS ».
Le nouveau Monde,
présent et avenir, se structure
désormais autour de cette génération
« venue de nulle part »,
« sans Histoire » ni Patrie,
presque sans Culture, et dont les seules
valeurs sont une allégeance totale aux valeurs de leur
firme.
Au départ peu matures,
malgré leur réussite scolaire
individuelle exceptionnelle, les jeunes vont se découvrir
eux-mêmes et devenirs
pleinement opérationnels en groupe, sous
l’influence de leurs
« coachs » et partenaires, Billy
et Nick. Ces derniers trouvent leur
place dans cette société
« jeuniste », car ils ont permis,
par leur expérience
acquise au fil du temps », au groupe
d’être merveilleusement productif au
service de Google (ils n’ont pas hésité
par ailleurs à s’impliquer dans un
monde informatique qui leur était parfaitement
étranger). Intégrés, ils restent
marginaux, des « seconds
couteaux » au cotés des jeunes qui
détiennent
« spontanément » les
clés du futur… de Google, et donc du
Monde entier.
4.3.
Le
rôle des femmes dans la nouvelle société
Dana Sims, cadre trentenaire qui ne
vit que pour la
réussite des valeurs de Google et Neyha, jeune femme
inhibée dans sa relation
aux garçons constituent les principaux personnages /
stéréotypes féminins. Dana
sera sensible aux attentions charmeuses de Nick, mais la mise en place
d’un
couple ne sera pas retenue par le film ; Neyha, au
début du film,
s’imagine star d’un monde sado-masochiste dont elle
décrit parfaitement les
codes ; elle trouvera en Billy un substitut paternel qui
l’encouragera à
être patiente (avec les garçons, qu’elle
ne « connaît » pas), et
donc
à n’avoir que Google comme objectif dans sa vie.
Deux autres
« situations » font comprendre
aux spectateurs et aux spectatrices
que certaines valeurs (maternité, sexualité) sont
désormais… inadéquates :
·
Yo-Yo
a été nourri au sein par sa mère
jusqu’à l’age de 7 ans, et cela semble
l’avoir
gravement perturbé… La fin du film
l’autorise enfin à intégrer la
« famille » Google et
à rompre avec son envahissante Mère,
·
Billy,
dans un moment de doute, abandonne son équipe et la
sélection des stagiaires
pour tenter sa chance dans un autre
« job », vendeur de fauteuils
électriques pour personnes âgées
dépendantes. Son collègue de travail lui
explique les avantages du métier : il peut ici
entretenir des relations
sexuelles faciles avec des femmes du
« quatrième age » (et
même dans
des combinaisons érotiques audacieuses que l’on
pourrait penser réservées à des
femmes bien plus jeunes…). Par chance, Nick parvient
à tirer son ami Billy de
cet enfer mortifère, et à le ramener dans la
sélection menée par Google, au
cœur de la saine jeunesse américaine.
4.4.
Des
innovations qui augmentent sans
nul doute notre part de Bonheur…
Les équipes de
stagiaires se doivent de répondre à un
nouveau défi :
« Créer une
application ». Après leur nuit de
beuverie
« épicée »
dans la boite de nuit, les esprits ont perdu leur
clarté… Euréka ! Pourquoi ne
pas proposer une application qui permettrait
aux joyeux fêtards de mesurer leurs capacités de
réaction et de réflexion,
après des soirées trop
arrosées ? Aussitôt dit
aussitôt fait,
l’application se révèle un
succès, téléchargée par de
nombreux clients qui
attendaient ce nouveau produit !
4.5.
Le
rapport entre les générations
L’équipe vient
de perdre son premier défi, et les deux
adultes dinosaures réussissent à convaincre leurs
jeunes partenaires à quitter
(momentanément) le cocon Google. Leur soirée
commence dans un restaurant
chinois (Billy démontre sa connaissance du
Pékinois et son sens des relations
humaines) avant de se terminer en boite de nuit. Le film nous offre une
–
longue – séquence au cours de laquelle les jeunes
vont découvrir l’alcool et
les prestations de jeunes danseuses très peu
vêtues (parmi lesquelles la prof
de danse dont est amoureux Lyle). Après une bagarre
générale qui aura permis de
« souder » le groupe dans une
vraie fraternité, tout le monde se
retrouve sur un site qui domine la baie de San Francisco.
Conseillés par leurs
« coachs », les jeunes
abandonnent un instant équations et lignes de
code informatique pour contempler sereinement la beauté du
Monde. Merci les
« Vieux » !
4.6.
Une
« nouvelle » culture
Le film situe également
l’affrontement générationnel
au niveau des références
cinématographiques :
Les adolescents
maîtrisent parfaitement les références
aux films de Science-fiction populaires les plus récents
(« la guerre des
étoiles », les « X
Men). [La rencontre entre le
« faux »
professeur Charles Xavier et nos deux
« quadra » qui ignorent tout de
la populaire saga des héros de Marvel constitue certainement
le gag le plus
savoureux du film]. Les règles et les stratégies
du quidditch (le jeu le plus
prisé par les sorciers dans la saga Harry Potter)
n’ont aucun secret pour eux.
Mais le rebond vient de plus loin,
de 1983 exactement,
avec « Flashdance »
réalisé par Adrian Lyne (les ados
surdoués
ignorent cette œuvre). C’est bien en se trempant
dans le néo-Libéralisme qui a
soufflé sur les USA avec le Président Ronald
Reagan que les USA vont pouvoir
repartir à la conquête du monde. Et Billy va
raconter par deux fois l’histoire
édifiante de cette danseuse
(interprétée par Jennifer Beals) qui triomphe de
toutes les épreuves. Un bel exemple, toujours
d’actualité dans cette Amérique
malade… de trop de dérégulation et de
Capitalisme.
4.7.
Une
« sélection » sociale indolore…
et juste !
Alors que plusieurs
équipes des stagiaires participent
à la sélection pour les vrais emplois, le film ne
va s’intéresser qu’à deux
équipes en particulier, celle de Lyle (les
« bras cassés » dont
personne ne veut et qui accueille Billy et Nick) et
l’équipe du prétentieux et
trop sur de lui Stuart. Stuart choisit les membres de son
équipe soit pour
leurs qualités intellectuelles (mais le garçon
est obèse) soit pour leur
« plastique » (les filles) choix
qui doivent garantir le succès de
l’équipe. Stuart n’hésite pas
à tricher (en blessant les membres de sa propre
équipe) pour triompher dans la partie de quidditch. Le film
ne sanctionnera
qu’à la toute fin ce comportement.
La victoire, jusqu’au
bout incertaine, des
« gentils » sur les
« méchants »
évacue la tristesse, le
désespoir éventuel des autres perdants, qui
disparaissent du film et de nos
esprits, lointaines silhouettes interchangeables et marginales. Seuls
comptent
« les vainqueurs »…
4.8.
Une
« firme Monde »
ésotérique dirigée par des
« gourous »
Le
slogan de Google est Don't be evil[]
(littéralement, « Ne
soyez pas malveillants ». Larry Page a
écrit que « Par
cette phrase qui est notre devise, nous avons tenté de
définir précisément ce
qu'être une force bénéfique signifie -
toujours faire la chose correcte,
éthique ». Cette devise
résume assez bien la volonté supposée
de
Larry Page et Sergueï Brin qui tend à faire de
Google
une
société qui œuvre pour un monde meilleur[
Le film nous donne à
voir un monde du travail
séduisant et multicolore (buffet gratuit à la
cafétéria, espaces de détente,
déplacements
écologiques à bicyclette). L’entreprise
Google permet à ses jeunes salariés de
travailler dans une ambiance de parc d’attraction convivial
et permanent.
Merveilleux ! Un vrai conte de fées où
la notion même de syndicats serait
bien incongrue ! D’ailleurs la présence
de voitures (Google cars) qui se
déplacent sans conducteur nous introduisent de plein pied
dans un univers qui
n’est déjà plus notre
prosaïque réalité.
Le film dévoile un
aspect inattendu dans le
fonctionnement de la société Google :
alors que nos deux héros tentent de
s’intégrer dans ce nouvel environnement qui leur
est hostile, ils vont côtoyer
un trentenaire barbu, le casque toujours vissé sur les
oreilles, qui lui aussi
est en marge de tous les groupes. Seul Billy parviendra à
tisser un lien avec
cette sorte « d’autiste de haut
niveau » qui n’aime pas le contact
avec les humains, comme il le dit si bien. Le récit se
poursuit jusqu’au
dénouement final, au triomphe des
« gentils »… et
là, le film nous
comble de bonheur avec deux révélations :
·
M.
Chetty n’a pas été un brillant
élève, et il a soutenu la candidature de nos
deux héros, cancres notoires,
·
Le
trentenaire barbu que nous prenions pour un autiste marginal est en
réalité…
chef de l’innovation chez Google ! (Il portait un
casque audio, mais il
n’écourtait pas de musique ! Il testait
ainsi le sens des relations
humaines des candidats !).
Du haut en bas de
l’entreprise, règnent désormais
efficacité commerciale, innovation technologique, et respect
sincère des plus
nobles valeurs humaines !
5.1.
Une
crise économique mondiale dévastatrice
Les
Etats-Unis
sont devenus, avec la fin de la guerre froide "l'hyper puissance" des
années
En
matière de
recherche, il existe un lien très puissant ente
l'Université et les secteurs
industriels. Depuis 2008, les USA sont rentrés dans une
récession plus grave
qu'après la crise de 1929, avec un effet
d'entraînement du monde entier, mais
ils possèdent toujours une forte capacité de
résilience aux chocs économiques.
5.2.
Google,
un « géant »
étasunien aux méthodes contestées
5.2.1.
Google,
une start-up maintenant
planétaire
« Google
est une société fondée le
27 septembre 1998 dans la Silicon Valley,
en Californie, par Larry Page et Sergueï Brin,
créateurs du moteur de recherche
Google. L'entreprise est principalement connue
à travers la situation
monopolistique de ce moteur de recherche, concurrencé
historiquement par
AltaVista puis par Yahoo! et Bing, mais également par
quelques-uns de ses
logiciels emblématiques, tels que Google Earth, Google Maps
ou le système
d'exploitation pour téléphones mobiles Android,
tout comme par le fait que
l'entreprise compte parmi ses fleurons le site de partage
vidéo en ligne You
Tube.
Google s'est donné comme
mission « d'organiser
l'information à l'échelle mondiale et de la
rendre universellement accessible
et utile ». Eric Schmidt en a
été le CEO jusqu'au
4 avril 2011
et est désormais remplacé par Larry Page.
Google est devenue l'une des
premières entreprises
américaines et mondiales par sa valorisation, quelques
années après une entrée
en bourse originale. Début 2008, elle valait 210 milliards
de dollars à Wall Street. La société
compte plus de 50 000 employés
(juillet 2012), dont la plupart travaillent au siège
mondial : le Googleplex,
en Californie.
Google est l'une des plus
imposantes entreprises du
marché d'Internet et fait partie, avec Apple, Facebook et
Amazon.com, des Big
Four d'Internet. En 2011, Google possédait un parc de plus
de 900 000
serveurs, contre 400 000 en 2006, ce qui en fait le parc de
serveurs le
plus important au monde (2 % du nombre total de machines),
avec des
appareils répartis sur 32 sites. Parallèlement,
le moteur de recherche Google a
indexé plus de 1 000 milliards
de page web
en 2008. En octobre 2010, Google représente
6,4 % du trafic Internet
mondial et affiche une croissance supérieure à
celle du web.
Google offre gratuitement de
nombreux logiciels et
services (email, suite bureautique, vidéo, photo,
blog…). Cependant, la
situation croissante de monopole et les questions de vie
privée inquiètent de
plus en plus, de l'internaute occasionnel jusqu'à certaines
grandes
organisations.
Google a également fait
l'objet de plusieurs
poursuites en justice, notamment pour plusieurs affaires de
compatibilité de
copyright et pour sa plateforme « Google
Books ».
5.2.2.
Google :
des ambitions
démesurées, des stratégies et des
méthodes parfois contestées[6]
5.2.2.1.
Une
utilisation des données personnelles
des internautes très controversée
« La politique
d’utilisation des données
personnelles des internautes par Google est dans la ligne de mire des
« gendarmes »
européens des libertés informatiques, car elle a
été
jugée non-conforme au droit européen. La
Commission Nationale Informatique et
Liberté (CNIL) a donc demandé le 18
février 2013 à ses homologues
européens,
d’entamer une procédure de sanction contre
Google »[7].
5.2.2.2.
Google
Books, projet de domination
planétaire
En 2004, Google annonce son projet
de numérisation
massive et de mise en ligne, dans sa bibliothèque
numérique dénommée Google
Books, d’ouvrages conservés dans quatre
bibliothèques anglo-saxonnes (mais
l’enjeu est de taille : le «but que s'est
fixé Google est d'organiser
l'information dans le monde et de la rendre universellement accessible
et
utile »). Google commence à scanner des
livres libres de droits d’auteur,
qui souvent ne sont pas disponibles dans le commerce, et choisis par
les
bibliothèques elles-mêmes.
En 2005, aux USA, les auteurs
intentent une action en
justice contre Google pour violation massive du copyright et manquement
à une
rétribution juste des auteurs et des éditeurs. En
2008, Google verse 125
millions de dollars pour dédommager les ayant droits.
Le Président de la
Bibliothèque Nationale de France,
Jean-Noël Jeanneney, dénonce alors le risque pour
la diversité culturelle de
laisser le monopole au projet d’une entreprise commerciale
privée qui accorde
un poids disproportionné à la langue anglaise.
Jean-Noël Jeanneney lance
un appel à une
contre-offensive européenne, sous la forme d'une
Bibliothèque numérique
européenne, multilingue, gratuite et reposant sur une
hiérarchisation
transparente des documents. Ce projet ayant reçu le soutien
des institutions
européennes, la BNF développe un prototype qu'il
a dénommé Europeana,
dont la version bêta a été mise en
ligne en 2007.
En février 2007, au
cours d'un événement organisé par
l'American Association for the Advancement of Science,
Larry Page[8]
explique que le développement du projet Google Books
s'inscrit dans la
perspective plus large de la construction d'une intelligence
artificielle
par Google
Le maire de Lyon donne son feu vert
en 2008 pour que
Google engage la numérisation d'ouvrages patrimoniaux de la
Bibliothèque
municipale de Lyon (la deuxième de France), mais toutes les
recherches plein
texte devant s’effectuer par le biais du site de Google.
Certains dénoncent
comme un « hold-up » cette
négociation qui engage la ville de Lyon
pour 25 ans.
En 2013, Amazon
est le principal concurrent de
Google dans le domaine du livre électronique, avec un
catalogue digital de plus
d'un million d'ouvrages
Europeana
renvoie à plus de 10 millions de documents
numériques en 2010, et inclut
vidéos, photos, peintures, fichiers son, cartes, manuscrits,
livres imprimés et
journaux des 2 000 dernières années de l'histoire
Européenne, à partir de plus
de 1 000 archives de l'Union européenne.
Gallica,
projet de la Bibliothèque nationale de France, renvoie
à plus de
En 2010, la bibliothèque
virtuelle de Google
comptait 15 millions de livres ; il s’agit du plus
important corpus
textuel au monde).
5.3.
Programme
de surveillance PRISM : Google
manipulé par les services de
renseignements étasuniens ?
Le scandale éclate au
printemps 2013 : selon le
Washington Post et le Guardian, le programme de surveillance PRISM
autoriserait la NSA (Agence
nationale de sécurité américaine) et
le FBI à accéder aux serveurs des
principaux acteurs de l’économie
numérique américaine (dont Google) pour
espionner les données des utilisateurs non
américains. L’affaire vient ternir
les relations diplomatiques entre alliés occidentaux,
puisque le NSA aurait
espionné la représentation de l’Union
Européenne à Washington. Les USA sont
soupçonnés de se livrer à un intense
espionnage industriel…
Selon Keith
Alexander, chef de la NSA,
« les informations recueillies dans le cadre de
PRISM ont permis au
gouvernement américain de prévenir plus de 50
actes terroristes potentiels dans
plus de 20 pays ».
« Les
géants américains de l'Internet Google,
Microsoft et Facebook, mis en cause dans le programme Prism
qui permet
de surveiller des données de leurs utilisateurs, veulent
éviter d'être emportés
dans la tourmente des révélations du Guardian
et du Washington
Post. Quelques jours après leurs
démentis prudents, ils ont demandé mardi
11 juin et mercredi 12 juin au gouvernement américain la
permission de publier
des informations sur les demandes de ces données, qui leur
sont faites au nom
de la sécurité nationale, disant n'avoir "rien
à cacher".
Google publie
régulièrement un « rapport de
transparence »
sur les demandes du
gouvernement, mais
ce document ne répertorie pas celles relevant de la loi FISA
(Foreign
Intelligence Surveillance Act), qui permet la surveillance
d'étrangers et
serait la base du programme Prism. Dans une lettre adressée
au procureur
général et au FBI et publiée sur le
blog de Google, le directeur du service
juridique du géant américain David Drummond
explique que cette situation "alimente
la spéculation", tout en
réitérant son démenti sur
l'accès direct
qu'aurait l'administration américaine aux données
de ses utilisateurs »[9].
Puis, rapidement, la
polémique a quitté le devant de
l’actualité ; au-delà des
premières réactions indignées, la
realpolitik
s’est imposée entre une Amérique
désireuse de réduire son déficit
commercial
avec l’Europe et une Union en panne souhaitant poursuivre sa
coopération avec son allié
historique. Comment évoquer, désormais, celui qui
avait eu le courage de
dénoncer le programme de surveillance mis en place par son
pays ?...
5.4.
La
fuite d’Edward Snowden, suspense médiatique et
dérivatif idéal aux tentations
impérialistes Etasuniennes !
Les médias
français rendent compte dans un premier
temps des dimensions exceptionnelles de l’espionnage
pratiqué par les USA
envers leurs partenaires. Mais, très rapidement, il convient
de « revenir
à la réalité » et
de ne pas « se tromper de
cible » !
Certes, les USA ont des pratiques d’espionnage
détestables, mais ce sont des
alliés précieux dans la lutte contre le
terrorisme international. La France
s’indigne donc, mais sans remettre en cause les alliances
« éternelles et
naturelles ». La presse signale que les services de
renseignements
français se livreraient eux aussi à des
écoutes peu autorisées…
En ce début
d’été, les médias
n’informent plus le
public des agissements délictueux
nord-américains : tous les feux de
l’actualité sont braqués sur la
« fuite » d’Edward
Snowden (ancien
employé de la CIA et de la NSA), fugitif à la
recherche d’un pays d’accueil. En
quelques jours, dans notre « meilleur des
mondes », il est passé de
« lanceur d’alerte / vigile
moral » à
« délateur traître aux
idées démocratiques ».
Poursuivi par les « justiciers »
américains du Président Obama, il est
aujourd’hui (Juin / Juillet 2013)
« en transit ».
L’Histoire est désormais bien
rodée : Julian
Assange, rédacteur en chef et porte-parole de Wiki-Leaks,
demandeur d’asile
« hébergé »
depuis juin 2012 à l’ambassade
d’Equateur à Londres, en a
écrit malgré lui les premiers chapitres. Le sort
de Bradley Manning, qui, pour
dénoncer les guerres en Irak et en Afghanistan a transmis
à WikiLeaks des
documents classés secrets défense (et qui encourt
la prison à perpétuité[10])
indique les limites de la contestation, y compris dans un
régime pleinement
démocratique, volontiers
« gendarme » du Monde.
6.Dans
la « vraie vie », la douloureuse
question des stagiaires : un critique de cinéma
( !) y consacre sa
chronique
"Les
stagiaires", du cinéma à la (dure)
réalité
(MARIE-CLAIRE[11])
C’est après
avoir vu un reportage sur Google à la
télé
que Vince Vaughan décide de
se lancer dans la réalisation de
son film, "The
Internship" ("Les
stagiaires", en français, qui sort
mercredi dans les salles). Il faut dire que Google est une entreprise
à part,
puisque le géant du net a
été élu "meilleur
employeur" par le magazine "Fortune".
Les conditions des "Noogleurs" (le nom donné aux stagiaires,
contraction de "new" et de "Google") y sont parfaites. « Intégrer
Google, c’est un peu comme pénétrer
dans la
chocolaterie de Willy Wonka, ou être transporté au
pays d’Oz »,
déclare Vince Vaughan. Mais
dans les sociétés françaises, la
réalité des stagiaires est
différente…
Les
stagiaires étaient 600 000
en 2007, il sont aujourd’hui plus d’un million
(Le quotidien "L’Humanité"
parle de « 1,5
million en 2010 »).
Geneviève
Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche, expliquait en
mars, à "Libération",
que « le
recours au stage est (…) très
déséquilibré. Cela concerne
principalement les étudiants en fin de cursus, et
très peu d’étudiants en
premier cycle à l’université. »
La ministre précise que « certains
secteurs, comme la publicité, ont entre 10
% et 15 % de stagiaires. » Une
situation qui n’est, selon elle, « pas
normale. »
« Une nouvelle
forme d’esclavagisme moderne. »
Car si l’URSSAF rappelle
qu’aucun stage ne peut être
conclu pour « remplacer
un salarié en cas
d’absence, de suspension du contrat de travail ou de
licenciement » ou
encore « exécuter
une tâche régulière
correspondant à un poste de travail
permanent », les
entreprises n’hésitent pas à abuser des
stages. « Les
postes dits "juniors" ont eux aussi
été remplacés par des stages. En gros,
c’est du travail dissimulé. »,
indiquait "Rue89"
en 2011, ajoutant
qu’un stage, rémunéré
à 30 % du Smic au-delà d’une
durée de deux mois, « est
loin d’être la garantie de l’embauche
à la fin
du stage. »
7.
La
propagande la plus efficace est celle que l’on ne remarque
pas !
« Bienvenue
chez Google ! 5 % d’entre vous se verront offrir
un
poste à plein temps, et les 95 % restant…
n’auront
rien ! »
Discours
de M. Chetty, cadre de Google, aux stagiaires
qu’il accueille
« (…)
L'esprit frondeur et irrévérencieux de ce duo
comique a
cédé le pas à une navrante entreprise
de
propagande pour l'entreprise capitaliste en
général, et pour la société
Google
en particulier ».
Isabelle
Régnier – Le Monde
7.1.
Questions
au cinéma dans un Monde de Communication
Pour une fois, un certain accord
accompagne la sortie
du film : « Les
stagiaires » comporte une indéniable
volonté de
« rendre un hommage
appuyé » (voire de
promouvoir) la marque
« Google » et
ses produits. Souvent au cinéma la présence de la
marque reste subtile (le
constructeur automobile Peugeot dans la série des
« Taxis ». Mais la
tendance, Libéralisme oblige, consiste bien
aujourd’hui à négocier dès
la
production, en terme de recettes, l’apparition des marques
à l’écran.
Autre
cas de figure,
l’utilisation du cinéma comme instrument de
propagande pour un pays, une
idéologie, une vision de la société
humaine.
« Top
Gun », réalisé par Tony Scott
en 1986,
ne pouvait bénéficier des effets
spéciaux qui rendent si réalistes les films de
guerre actuels (cf. « Mémoires de nos
pères », de Clint Eastwood, qui
recrée avec des pixels fort convaincants les forces
américaines qui débarquent
à Iwo Jima en 1945). «Top
Gun », film populaire aujourd’hui devenu
« culte » n’a pu
être réalisé à
l’époque (c’était encore la
confrontation Est / Ouest) qu’avec l’appui de
l’armée américaine qui a fourni
à
la production du film avions de chasse et porte-avions. En
contrepartie, le
film a bénéficié d’une
« aide au scénario »
de la part du Pentagone,
qui a tenté (et réussi) de donner une image
positive de son action, à travers
cette pure « fiction » neutre et
apolitique. Tom Cruise, beau et
courageux, au service des valeurs de l’Amérique
éternelle, dans un film au
budget « hors
normes »… et pour cause !
Considérer le
fonctionnement du film « Les
stagiaires » nécessite
d’adopter un « point de
vue », qui, nous
le savons, ne peut-être que subjectif.
En considérant des
options fort éloignées, nous
pouvons envisager cette production comme :
o
Une
« comédie sympathique qui fait le
job », un agréable »
conte de
fées pour adultes qui « transpose de
manière très réussie
l’univers de
Google à l’écran »,
Ou bien
o
Un
discours offensif qui tente de convaincre en douceur le spectateur des bienfaits
des évolutions technologiques et des
avantages du Libéralisme (s’il
est maîtrisé et civilisé par une marque
qui affirme ses valeurs humanistes).
Tentons de considérer le film dans son discours implicite,
un message formaté
et calibré, maîtrisé et parfaitement
orienté.
7.2
La
technique au service de
l’Humanité ?
Le « cloud computing »
Le film instille une relation
confiante avec le
développement de la Technique : les chercheurs sont
innovants, jeunes,
enthousiastes, et savent entraîner les
générations précédentes
dans la
communion des valeurs technologiques (matériels, concepts,
langage). La
technologie change déjà leurs vies
(« Google car »[12],
nouvelles applications) et accroît la part de Bonheur des
personnages.
Pourtant, derrière ce
monde merveilleux que décrit le
film se cache une autre réalité, la lutte des
grandes compagnies informatiques
pour imposer le « cloud
computing » (ou
« nuage ») :
un nuage est un parc de machines, d'équipements de
réseau et de logiciels
maintenu par un fournisseur, que les consommateurs peuvent utiliser en
libre
service via Internet. Il s’agit d’inciter les
particuliers (cible principale de
Google) et les entreprises à accéder à
des services en ligne gérés par les
fournisseurs (Google, Amazon, IBM, Intel, etc.) dans des centres de
données (ou
datacenters). Les applications et les données ne se trouvent
plus sur
l'ordinateur local, mais dans un
« nuage » composé de
serveurs
distants interconnectés. Source
d’économies, évolution majeure de
l’informatique pour beaucoup, ce processus est
dénoncé comme une mode
correspondant à des motivations commerciales par
d’autres spécialistes.
Ce « meilleur
des mondes » qui nous attend
avec « l’informatique en
nuages » suscite pourtant de réelles
inquiétudes : atteintes à la
confidentialité, multiplication des
cyberattaques, questions sur la non utilisation par les fournisseurs
des
données qui leur sont confiées,
difficultés pour localiser physiquement les
données (avec toutes les questions juridiques que ces
délocalisations peuvent
entraîner). L’impact écologique de ces
« fermes de données »
voraces
en énergie pourrait s’avérer
problématique à terme. Peut-on dores et
déjà
affirmer que les pays qui ne développent pas ces nouvelles
technologies (la
France ?) pourraient accuser un réel retard dans la
concurrence
mondialisée qui règne dans ce secteur.
De cette lutte entre entreprises
où tous les moyens
sont bons pour l’emporter, le film… ne donne
aucune précision, n’évoque
rien…
(Cet aspect n’a pas été retenu par la
presse, les commentateurs, tous fascinés,
drogués par des mutations techniques qui
s’accélèrent et qu’il semble
bien
inutile de questionner, tant il est évident
qu’elles construisent
« l’Homme nouveau »,
celui qui aura la maîtrise totale de son
environnement, qui pilotera…
« L’Internet des
objets » !
7.3
« Les
stagiaires », film de
« propagande » ? Le
point de vue du
journal « Le Monde »
Nous associons le plus souvent le
terme de
« propagande » aux
régimes dictatoriaux ou aux périodes de guerre.
Concernant la France et les Etats-Unis, l’utilisation de ce
mot en 2013 semble
bien étrange. Examinons dans un premier temps
l’argumentation de la critique
Isabelle Regnier, du journal « Le Monde »
LE
MONDE
|
25.06.2013 par Isabelle Regnier
« Il
y a
eu la panoplie de James Bond (Aston Martin, montres Omega, champagne
Bollinger...), il y a eu les franchises de super héros et,
plus récemment, les
scénarios inspirés de jeux de
société Hasbro (Bataille navale,
par
exemple). Avec Les Stagiaires, Hollywood franchit
un échelon
supplémentaire dans les rapports entre le cinéma
et les marques. Cette comédie
interprétée par le duo d'acteurs (Owen Wilson et
Vince Vaughn) qui a fait le
succès de Serial noceurs n'est rien
d'autre qu'une gigantesque
publicité pour l'entreprise Google, comme le
suggère son affiche française.
UNE NAVRANTE
ENTREPRISE DE PROPAGANDE
Mais il n'en est rien. L'esprit
frondeur et
irrévérencieux de ce duo comique a
cédé le pas à une navrante entreprise
de
propagande pour l'entreprise capitaliste en
général, et pour la société
Google
en particulier. Owen Wilson et Vince Vaughn incarnent un tandem de VRP
qui,
après avoir vendu des montres pendant vingt ans, se retrouve
bien dépourvu
quand les smartphones ont rendu caduque l'utilité de leur
produit.
Mis à la porte par leur
patron (John Goodman,
caricature de lui-même), ces deux sympathiques baratineurs
vont devoir se recycler.
Mais comment ? En faisant un stage chez Google, bien sûr ! Le
moteur de
recherche organise en effet une sorte d'université
d'été où les étudiants
concourent pour décrocher un CDI, explique Vince Vaughn
à Owen Wilson, des
étoiles dans les yeux, comme s'il s'agissait là
du plus beau projet qu'un homme
puisse avoir sur terre.
Largués au milieu d'une
marée de candidats qui
pourraient, vu leur jeune âge, être leurs enfants,
les deux quadras
atterrissent dans l'équipe des indésirables, qui
vont d'abord se tirer dans les
pattes, avant d'apprendre à valoriser leurs
génies respectifs, pour finalement
déjouer les pronostics et remporter le gros lot.
C'est le bon vieux
scénario qui fut celui des Sept
Samouraïs ou des Douze Salopards,
mis au service de ce que l'on
nous vend comme l'"esprit Google". Accès gratuit et
illimité à la
nourriture et aux boissons, espace réservé
à la sieste, campus qui ressemble
plus au village du Prisonnier qu'au jardin des Mille
et Une Nuits
mais que les deux acteurs regardent avec des yeux comme des soucoupes
et des
sourires d'enfant... L'entreprise est dépeinte comme un parc
d'attractions
géant. Dans cette grande machine où la
valorisation des talents singuliers et
des qualités humaines est censée garantir contre
les risques de ronronnement,
le stress est un dommage collatéral d'une lutte gratifiante
pour le bien
commun.
Au service de presse de la Fox, on
soutient que Google
n'a pas participé à la production du film. A
l'heure où les géants du Web,
Google en tête, sont jetés à la
vindicte publique dans le cadre du scandale du
programme Prism, ce film a tout l'air d'une opération de
communication de crise
anticipée ».
La journaliste du grand quotidien
du soir a bien écrit
le mot « propagande »…
7.4
« Les
stagiaires », un monde pacifié qui oublie
la crise (les inégalités, les
exclus…)
Certes, le film
« Les stagiaires »
n’entre
pas dans la catégorie de ce que l’on appelle
habituellement « les films de
propagande ». Il n’est nullement question
d’un ennemi extérieur, menaçant,
contre lequel il faudrait se mobiliser pour le mettre hors
d’état de nuire.
Mais, si l’on y regarde
de plus près, « Les
stagiaires » propose une vision du monde qui
épouse les thèses
néo-libérales : l’individu
comme facteur de changement, la récompense du
talent, la liberté d’inventer,
d’améliorer les techniques, la liberté
de définir
soi-même, entre
« pairs », ses propres
règles, la marginalisation du
rôle de l’Etat).
Le spectateur du film doit
ressentir que les crises
économiques font partie inhérentes du
système, que ces crises peuvent être
parfois
« désagréables »,
mais que, pour les individus qui affichent
leur confiance dans ce système, la réussite sera
au rendez-vous, incluant même
une amélioration du statut, de la
rémunération, de la confiance en soi des
travailleurs.
Ce type de discours qui limite la
« réussite »
à une
« élite » de 5 % de
l’effectif est
purement idéologique. Dans ce monde globalisé,
tous ont leur chance, mais seuls
quelques uns seront privilégiés.
La violence de
l’exclusion du reste de la société
(candidats malheureux, chômeurs, sans domicile fixe, victimes
de la
« Crise ») est effacée.
Les USA peuvent compter sur des
sociétés comme Google
pour poursuivre leur histoire, leur rôle au plan
planétaire ; et Google
peut compter sur les « vaillants petits soldats du
Libéralisme » pour
se développer et pacifier la société.
En ce sens, et même si
cette affirmation reste tout à
fait suggestive, il semble bien que l’on puisse classer
« Les
stagiaires » comme un film à la gloire
d’un certain modèle économique
aujourd’hui tellement dominant qu’il semble
incongru de le nommer, et bien inutile
d’en critiquer les fondements.
Le film a réussi sa
« mission » :
l’espace de deux heures, nous avons
« oublié » que le
Capitalisme
incontrôlé permet, dans un monde de plus en plus
instable, aux riches de
s’enrichir plus, et aux pauvres… de rester
pauvres…
ET PENDANT CE TEMPS LA EN
FRANCE…
Le cinéma, arme efficace
dans une politique de
communication ? Puisque
l’actualité
de ce printemps 2013 nous y invite, questionnons les liens
étranges entre une
société commerciale ayant pignon sur rue (Amaury
Sport Organisation,
propriétaire de la marque « Tour de
France), et un sympathique film
familial, « La grande boucle »,
tout juste sorti sur les écrans.
« La
grande boucle »
ou
la transformation du cinéma français
« grand
public »
en
outil de communication promotionnelle
A)
Générique
Comédie
de Laurent Tuel avec
Clovis Cornillac
Sortie
en salles le
12/06/2013
B)
SYNOPSIS :
« François
est un passionné du Tour de France. Licencié par
son patron
et quitté par sa femme, il part faire la Grande Boucle avec
un jour d’avance
sur les pros. D’abord seul, il est vite rejoint par
d’autres, inspirés par son
défi. Les obstacles sont nombreux mais la rumeur de son
exploit se répand. Les
médias s’enflamment, les passants
l’acclament, le Maillot Jaune du Tour enrage.
François doit être stoppé
! »[13].
« Là
où ça se gâte, c’est quand la
parabole prend le
chemin de la réhabilitation d’un sport
miné par le dopage et la suspicion à
travers le personnage du méchant, sorte de Lance Armstrong
italien, arrogant et
antipathique, dont on finira par nous révéler
l’intégrité absolue. À ce
niveau-là, ce n’est plus du cinéma mais
du marketing »[14]
C)
Les réactions de la presse :
partagée !
C1 Les
« Pour »
Le Monde
« passe un agréable moment
devant ce road-movie à pédales, haletant
et bien ciselé, n'hésitant pas à
dénoncer quelques-uns des vils travers du
peloton (l'omniprésence du sponsoring, la pratique du
dopage) ».
Cette fable séduit
« Télé 7
jours » pour
« son humour bon enfant et
l'émotion qu'elle distille »
Le « Journal du
Dimanche » salue
« l'ensemble, porté par le sportif tandem
Cornillac-Bouli Lanners, reste
sympathique, reflet de cette France pas compliquée,
enthousiaste et
profondément attachée à son
patrimoine ».
Positif, prestigieuse
revue, précise que
« le film séduit
agréablement » ( !).
C2) Les critiques qui
n’ont pas aimé le
film pestent contre un scénario caricatural ou ses
clichés coupés de toute
réalité…
D) Le projet,
raconté par les
producteurs Nicolas et Renaud Souhami :
Nicolas
et Renaud Souhami,
producteurs novices de La Grande boucle, ont dû
faire face à quelques obstacles pour mener à bien
leur projet. Mais ils possédaient un
élément qui les a maintenus à flot :
"Nicolas et Renaud ont vécu l’enfer. On a
essayé de les exclure totalement
de leur propre projet. C’était hallucinant. Mais
ils avaient cette arme
atomique qui les a sauvés : ils avaient
négocié, tout seul, comme des grands,
ce partenariat avec le Tour de France. De ce fait ils
étaient incontournables",
racontent Olivier Delbosc
et Marc Missonnier,
les
deux autres producteurs (bien installés) du film
(Fidélité Films) »[15].
E) Propos de Renaud
Souhami, Producteur[16]
(« Bago Films)
Renaud Souhami a
débuté » sa
carrière
professionnelle dans la Finance en France et aux Etats-Unis.
« Moi
je viens de l’Univers du sport (j’étais
d’abord cadre
financier à M6, puis directeur financier de la Coupe du
Monde de rugby qui
s’est déroulée en France en 2007). Mon
frère vient du monde de la télé.
Il y a environ cinq
ans, nous avons envisagé de porter un projet ayant
pour thème le Tour de France, mais au travers d’un
gars ordinaire qui allait
faire quelque chose d’extraordinaire. Quand le
scénario a été prêt, on
l’a fait
lire à l’organisateur du Tour de France (Amaury
Sport Organisation) : ça
leur a plu car c’est une comédie familiale
très sympathique et ils nous ont
dit : « OK, on va devenir votre
partenaire ! ». Nous avons
signé un contrat d’exclusivité. Seul
notre film était en mesure d’utiliser
l’appellation « Tour de
France » qui est une marque.
Cet accord nous a
permis de nous intégrer pendant le Tour 2012 en toute
confiance, mais avec des conditions de tournage bien
précises. Cela nous a
permis de bénéficier de ce décor qui
est unique du Tour de France. Par ailleurs
le film est en partenariat avec France-Télévision
(nous avons même pu
bénéficier de leurs dispositifs de tournage.
(…) C’est un film qui parle d’un
sport fantastique et de la plus belle épreuve de
vélo qui est le Tour de
France. Mais c’est surtout l’histoire
d’un dépassement de soi, de quelqu’un
qui
va réaliser ses rêves ».
La Presse :
« Bernard Hinault et Laurent
Jalabert, sont crédités au
casting de La Grande boucle Ils pédalent
aux cotés de Clovis Cornillac). »
F) Tour de
France : dopage
masif, perte de crédibilité, donc de
revenus…
Clovis Cornillac,
acteur principal du
film, évoque le dopage :
Clovis Cornillac : "C'est
traité de manière
assez pertinente. On ne fait pas l'économie du sujet, mais
en même temps ce
n'est pas le sujet du film. La manière dont c'est
traité met en relief les
rapports humains. Il y a aussi une malhonnêteté de
notre part à tous par
rapport au dopage parce que c'est un problème
sociétal (à la Bourse, dans les
médias, sur Internet et même dans nos
métiers, il y a des gens autant dopés que
dans le sport) On veut tellement qu'il y ait des premiers que tout est
permis.
On est tous des gens qui poussons au dopage. Personne ne se dope par
plaisir du
dopage, ça n'existe pas."
En 2013, deux
« évènements »
liés au Tour de France ont terni, encore un peu plus,
l’image de marque de
l’épreuve :
·
Lance
Armstrong, convaincu de dopage et déchu de tous ses titres
sur le Tour de France
(7 fois vainqueur), estime qu'on ne peut pas gagner la Grande Boucle
sans
tricher[17],
·
Le
champion Laurent Jalabert aurait été
contrôlé positif à l'EPO sur le Tour de
France 1998[18].
De 2003 à
2012, Laurent Jalabert a été
consultant pour France 2 et RTL sur les questions de
cyclisme… Entre 2001 et
2013, il a été sélectionneur des
coureurs de l’équipe de France pour les
championnats du monde et les Jeux Olympiques…
La sortie du film
(qui coïncide avec la 100ième
édition du
Tour de France) constitue un « moment de
communication » fort, qui
atténue l’impact très
négatif des révélations sur le dopage
des coureurs.
Les liens Sports /
Médias étaient bien connus. Désormais
il faut compter
avec un troisième
« partenaire », le
cinéma de fiction, embrigadé au
service des « grandes causes »
populaires.
C
O N C L U S I O N
Dans notre monde
dominé par l’image et la
« communication »,
le cinéma est devenu à son tour un instrument de
manipulation des masses.
Certes, cette communication se met au service de causes qui,
jusqu’à présent,
n’ont pas mis en danger les bases de nos
Démocraties.
Mais, en acceptant
ces compromissions, le cinéma perd chaque jour de sa
force, s’éloigne du rôle
émancipateur et libérateur qu’il a su
développer au
cours de son histoire.
Il est triste de
constater que bien peu de voix
s’élèvent aujourd’hui
pour dénoncer ces dérives, et remettre en cause
une société qui ne vise qu’à
rabaisser l’être humain (et l’Art) au
rang de simple marchandise.
C’est bien
« la crise », mais certains
semblent encore y
échapper («Les 500 premières fortunes
de France ne connaissent pas la crise et
ont même vu leur richesse globale augmenter de
près d'un quart en un an »[19]).
Champions cyclistes,
employés de Google, réalisateurs d’un
certain
cinéma « populaire »,
nouveaux-nés dans les familles
princières…
Ils n’ont
pas fini de nous faire rêver ! Vous avez
dit…
« Propagande » ?
Gérard
Hernandez – Juillet 2013
Lauréat
de la certification en cinéma-audiovisuel
Article
rédigé avec la documentation de l'espace
"cinéma et histoire"
de
la médiathèque Jacques Ellul à Pessac
(33)
[1]
http://blogameni.wordpress.com/2013/07/04/les-stagiaires-shawn-levy/
[2] Réalisateur par
ailleurs de « La nuit au Musée
(2006) et La nuit au Musée 2 (2009)
[4] Le canard enchaîné – 26/06/2013.
[6] « article
« Google livres » - http://fr.wikipedia.org/wiki/Google_Livres
[7]
« L’Europe menace de sanctionner Google et
son
usage des données personnelles » -
lemonde.fr – 19/02/2013 - http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/02/19/l-europe-menace-de-sanctionner-google-et-son-usage-des-donnees-personnelles_1834850_3234.html
[8] Larry Page, fondateur de Google
avec Sergey Brin en
1996.
[9]
« Prism : Google, Microsoft et Facebook
veut jouer la transparence » - lemonde.fr,
12/06/2013 - http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/06/12/prism-google-microsoft-et-facebook-veulent-jouer-la-transparence_3428415_651865.html
[10] Bradley Manning a
déjà passé 11 mois en isolement
complet en 2011.
[12]
Voiture 100 % automatisée
(http://www.youtube.com/watch?v=Uft7FB-g0jI
)
[14]
Christophe Narbonne
(« Première ») http://www.premiere.fr/film/La-Grande-Boucle-3293502/(affichage)/press
[15]
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-205384/secrets-tournage/
[17] http://www.lefigaro.fr/cyclisme/2013/06/28/02007-20130628ARTSPO00311-pour-armstrong-impossible-de-gagner-sans-dopage.php
[18] http://www.sport24.com/cyclisme/tour-de-france/actualites/jalabert-aurait-pris-de-l-epo-en-1998-639041
[19] « Les
Français les plus riches le sont de plus
en plus » - sudouest.fr – 11/07/2013 - http://www.sudouest.fr/2013/07/11/les-francais-les-plus-riches-le-sont-de-plus-en-plus-1112372-705.php
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